Les Açores - Les Sables: étape 2

Publié le par Lucas

IMGP0934.JPGRituel immuable des départs des courses Mini, on s’encourage sur le ponton avant de quitter le port pour retrouver la solitude. Vu les conditions, le comité décide de lancer le départ au portant : dès la ligne franchie, les spis se déploient. Commence alors une étape de glisse qui restera gravée dans les mémoires.

 

La bruine qui accompagne notre sortie de l’archipel ne trouble pas ma concentration. Le mini ONG Conseil va vite, plus vite que mes concurrents, et je me retrouve en fin de journée à mener la flotte. Ce n’est pourtant pas une raison pour remettre en cause la stratégie établie la veille : être opportuniste sur le début de l’étape, ne pas trop s’éloigner de la route directe et éviter les zones où l’état de la mer n’est pas propice à la vitesse. La majorité de mes concurrents cherche à gagner dans le nord pour atteindre rapidement les vents forts annoncés, nous nous perdons de vue.

 

Au grès des oscillations du vent, je fais tantôt du nord tantôts de l’est sous un ciel particulièrement tourmenté annonciateur de l’arrivée d’un front. Le vent se renforce doucement et la mer se creuse. ONG Conseil est maintenant sur des rails lancé à pleine vitesse vers l’arrivée, 1000 milles devant. Il me faut barrer le plus possible pour placer au mieux l’étrave du 618 dans les vagues qu’elle rattrappe. 12, 15, 18 nœuds ! La vitesse est au rendez-vous, il faut tenir à la barre sans perdre de vue que la route est encore longue.

 

Visiblement, je ne suis pas le seul à l’attaque. Alors que j’étais assez content d’avoir abattu près de 260 milles en 24 heures, le classement m’apprend que Bertrand Delesne (Prati’bûche, n°754) a dépassé les 300 milles… Chapeau !

 

A cette cadence, les temps de sommeil se font rares et après quelques dizaines d’heure, je prends un cargo pour le port d’une île imaginaire ! Plutôt que de cultiver les hallucinations, mieux vaut chercher à dormir un peu.

 

A l’approche des cotes espagnoles, le vent commence à mollir. La météo est assez complexe et ma position au sud de la flotte n’est pas vraiment enviable. Mes concurrents ont plus de vent au nord et me dépassent tranquillement. Pas facile…

 

Cinquième jour de course, la nuit tombe. Je profite de ces derniers moments au large avant l’entrée dans le golfe de Gascogne. Soudain, un panache jaillit une trentaine de mètres devant le bateau. Je reprends la barre au pilote et évite de justesse la baleine. Grosse frayeur, d’autant que je m’aperçois alors que je navigue au milieu d’un troupeau de cétacés. M’auraient-elles évité si je ne les avais pas vues ? « Forcément ! », réponse aussi automatique qu’infondée… mais rassurante !

 

Le Golfe de Gascogne se montre cette fois fidèle à sa réputation : vent force 7, des cargos, des pêcheurs,… Les vagues ne dépassent pas 4 mètres mais elles sont très abruptes. Lancé à près de 20 nœuds, le Mini rattrape parfois une crête et vient se fracasser dans le creux suivant. Le matériel souffre, je me demande même comment tout tient. Quand j’aurai franchi la limite, je saurai où elle se situe. D’accord, mais je suis à moins de 40 heures de l’arrivée et il n’est pas question de gâcher cette course dans une séance de saute moutons pas vraiment sous contrôle. J’affale le petit spi, la vitesse moyenne diminue à peine.

 

A l’approche des côtes vendéennes, la mer passe du bleu profond au vert foncé, le ciel se charge de gros nuages orageux. Le bateau glisse toutes voiles dehors sur une mer de nouveau bienveillante jusqu’à la ligne d’arrivée que je passe à la nuit tombante sous la pluie : 8ème de l’étape, 7ème au général. Objectifs atteints pour une première au large.

Publié dans Courses

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